Woody Herman

Contre vents et marées, Woody Herman n’aura eu de cesse sa vie durant de faire vivre son propre big band, boîte à musique féérique qui aura servi de tremplin à une palanquée de jeunes solistes appelés à un avenir radieux dont la liste est trop longue pour être dressée ici : inlassablement, pendant cinquante ans, de 1936 jusqu’à sa mort en 1987, le clarinettiste-altiste surmontera les obstacles et fera fi des vicissitudes inhérentes à la vie de ce type de formation, allant même jusqu’à hypothéquer à plusieurs reprises ses biens personnels pour continuer à mener à travers le monde ce qu’il appelait son « troupeau ». Troupeau qui égarera quelques brebis au cours des ans, troupeau qui tel celui de Panurge sombrera plus d’une fois dans d’inévitables chausse-trappes, mais qui toujours relèvera la tête sous la houlette de son berger. La période illustrée par ces deux CD est sans doute la plus méconnue de la carrière de Woody, et pourtant c’est un véritable carrousel de chefs-d’oeuvre qui défile sous nos oreilles : l’incroyable qualité des arrangements (signés Ralph Burns, Al Cohn, Manny Albam, Gene Roland, Jimmy Giuffre, Nat Pierce), l’inimitable son de la section de saxophones à trois ténors, l’excellence d’ensemble des solistes et la ferveur communicative du chef ne sont évidemment pas étrangers à l’éclat de ces pépites...