Notre-Dame de Paris

Victor Hugo

Flammarion

  • Conseillé par
    18 août 2020

    Peu importent les processions, cérémonies et autres célébrations, quand Esméralda danse avec son tambourin et sa chèvre sur le parvis de Notre-Dame, tous les yeux sont rivés sur la belle bohémienne. Les femmes médisent d’elle, les hommes la convoitent. De Claude Frollo, l’archidiacre qui a tenté de l’enlever à Gringoire le poète qu’elle a épousé pour le sauver des truands de la Cour des miracles, en passant par Quasimodo, le sonneur de cloches bossu, borgne et boiteux, nul n’échappe aux charmes de celle qu’on appelle aussi l’Égyptienne. Pourtant, le cœur d’Esméralda ne bat que pour le capitaine de la garde, le beau Phoebus de Châteaupers.

    Roman d’amour, roman historique, roman monumental dans tous les sens du terme, Notre-Dame de Paris est un livre qui s’apprivoise. L’écriture y est riche, parsemée de citations latines et s’échappant souvent en longues digressions bien éloignées d’Esméralda et de ses prétendants. Victor Hugo a bien des choses à dire…sur Notre-Dame, d’abord, et les restaurations qui l’ont défigurée, sur l’architecture, l’imprimerie, sur Paris, le Moyen-Âge, sur la religion et l’Église, les puissants et les miséreux, la justice, la peine de mort, etc.
    Parfois on s’y perd, parfois on s’ennuie… Mais Hugo nous ramène dans le giron de la cathédrale, nous envoûtant avec ses personnages attachants, irritants, aimables ou détestables. L’amour et ses pièges, ses mirages, ses obsessions, ses trahisons y côtoient l’amour le plus pur, le plus désintéressé, le plus noble. Mais quand on aime, on ne fait pas toujours les bons choix. Esméralda l’apprendra de cruelle manière car on n’est pas ici dans la bluette, dans la comédie musicale, dans le monde de Disney. Ici règnent la misère, la cruauté, la folie et la mort rôde.
    Hugo donne la parole au peuple de Paris. Sa princesse est une bohémienne, son prince un bossu. C’est eux qu’ils parent de la générosité, de la bonté, de l’humanité. Mais son personnage le plus beau, le plus grand, reste la cathédrale ; Notre-Dame la sombre, la vieille, la laide que certains voudraient voir raser et que l’auteur défend bec et ongles. Il en fait le lieu de toutes les passions où cohabitent le Bien et le Mal, l’ombre et la lumière, le beau et le laid.
    Quand on sait que son récit a contribué à sauver l’édifice, on ne peut que louer la force d’évocation et de persuasion de l’auteur.
    Ce grand roman se doit d’être lu, malgré ses défauts, malgré les envolées lyriques, les digressions, la lourdeur parfois de l’écriture.
    Parce qu’il a sauvé Notre-Dame, parce qu’il donne voix aux petites gens, parce qu’on se laisse entraîner dans la ronde de sa ribambelle de personnages, parce qu’il fait partie du patrimoine français.