- EAN13
- 9782356503053
- Éditeur
- "Revue des deux mondes"
- Date de publication
- 21/03/2024
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Revue des Deux Mondes avril 2024
Les bastions du wokisme
Aurélie Julia, Hubert Heckmann, Jean Szlamowicz, Samuel Fitoussi, Célina Barahona, Paulina Dalmayer, Nora Bussigny, Pierre Valentin, Paul-François Paoli, Bertrand Ploquin, Ayrton Morice Kerneven, Michaël Ferrier, Judith Sibony, Jean-Pierre Naugrette, C...
"Revue des deux mondes"
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C’est un vent mauvais qui nous vient d’Amérique. Insidieusement, il gagne en
puissance, gonfle les voiles des médias, de l’école, du féminisme, des
universités ou de la création artistique. À l’origine, l’ambition était belle
: éveiller nos consciences aux injustices sociales, aux discriminations
raciales, aux inégalités de genre. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Nébuleux, le wokisme a muté en idéologie inquisitrice, excessive et policière
dont les foudres s’abattent sur un Occident, forcément privilégié et raciste
ou sur des mâles blancs, nécessairement libidineux et carnivores. Coûte que
coûte, il faut rééduquer nos cerveaux.
Dans ce numéro, nous explorons les bastions wokistes, avec leurs oukases et
leurs grands ciseaux. Comme cette exigence de représentativité qui a visé une
pièce de théâtre à Toulouse où des protestataires n’ont pas supporté que le
texte d’un auteur trans soit interprété par une actrice qui ne l’était pas.
Aux États-Unis, pour être éligible aux Oscars, il faut désormais passer avec
succès l’épreuve des quotas ethnique et sexuel. En France, l’Arcom ou le
Centre national du cinéma se mettent au diapason, normes d’inclusivité et de
diversité sous le bras. En littérature, un homme qui parle des femmes se rend-
il coupable d’appropriation culturelle ? Faut-il pendre l’usurpateur Flaubert
qui a écrit au nom de Madame Bovary ? Faut-il brûler des livres?
Souvent appréhendé comme un sujet parisien, circonscrit aux sphères
intellectuelles, le wokisme prospère aussi en région : « Wokisme basta »,
a-t-on pu lire sur les murs de la mairie de Bastia tandis que la MJC (Maison
des jeunes et de la culture) de Mérignac a récemment proposé aux ados un stage
de drag-queen.
Ce flicage des idées a son jargon, foisonnant et obscur, comme un signal de
son intelligence supérieure et de notre ignorance honteuse :
intersectionnalité, inclusivisme, décolonialisme, genrisme, déconstruction,
mysoginoire, androcentrisme... Parlez-vous woke couramment ? Non, mais cette
confusion vous fragilise, vous culpabilise. CQFD.
Il aurait eu 100 ans cette année. Intellectuel engagé et défenseur résolu de
la démocratie libérale, Jean-François Revel, « Benjamin Constant du XXe siècle
», était un grand pourfendeur de l’étatisme, dont le regard sur la France
contemporaine, interventionniste et dispendieuse, serait sans aucun doute
critique.
Dans les pages de la Revue des Deux Mondes d’avril, découvrez aussi la
reconversion de nos Généraux, nouvelles stars des médias et des librairies. Et
faites un détour par Tokyo, mégalopole fascinante, trépidante et courtoise,
élégante et insolite. Allons y flâner, marcher sans but. Bura, bura disent les
Japonais.
Bonne lecture.
puissance, gonfle les voiles des médias, de l’école, du féminisme, des
universités ou de la création artistique. À l’origine, l’ambition était belle
: éveiller nos consciences aux injustices sociales, aux discriminations
raciales, aux inégalités de genre. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Nébuleux, le wokisme a muté en idéologie inquisitrice, excessive et policière
dont les foudres s’abattent sur un Occident, forcément privilégié et raciste
ou sur des mâles blancs, nécessairement libidineux et carnivores. Coûte que
coûte, il faut rééduquer nos cerveaux.
Dans ce numéro, nous explorons les bastions wokistes, avec leurs oukases et
leurs grands ciseaux. Comme cette exigence de représentativité qui a visé une
pièce de théâtre à Toulouse où des protestataires n’ont pas supporté que le
texte d’un auteur trans soit interprété par une actrice qui ne l’était pas.
Aux États-Unis, pour être éligible aux Oscars, il faut désormais passer avec
succès l’épreuve des quotas ethnique et sexuel. En France, l’Arcom ou le
Centre national du cinéma se mettent au diapason, normes d’inclusivité et de
diversité sous le bras. En littérature, un homme qui parle des femmes se rend-
il coupable d’appropriation culturelle ? Faut-il pendre l’usurpateur Flaubert
qui a écrit au nom de Madame Bovary ? Faut-il brûler des livres?
Souvent appréhendé comme un sujet parisien, circonscrit aux sphères
intellectuelles, le wokisme prospère aussi en région : « Wokisme basta »,
a-t-on pu lire sur les murs de la mairie de Bastia tandis que la MJC (Maison
des jeunes et de la culture) de Mérignac a récemment proposé aux ados un stage
de drag-queen.
Ce flicage des idées a son jargon, foisonnant et obscur, comme un signal de
son intelligence supérieure et de notre ignorance honteuse :
intersectionnalité, inclusivisme, décolonialisme, genrisme, déconstruction,
mysoginoire, androcentrisme... Parlez-vous woke couramment ? Non, mais cette
confusion vous fragilise, vous culpabilise. CQFD.
Il aurait eu 100 ans cette année. Intellectuel engagé et défenseur résolu de
la démocratie libérale, Jean-François Revel, « Benjamin Constant du XXe siècle
», était un grand pourfendeur de l’étatisme, dont le regard sur la France
contemporaine, interventionniste et dispendieuse, serait sans aucun doute
critique.
Dans les pages de la Revue des Deux Mondes d’avril, découvrez aussi la
reconversion de nos Généraux, nouvelles stars des médias et des librairies. Et
faites un détour par Tokyo, mégalopole fascinante, trépidante et courtoise,
élégante et insolite. Allons y flâner, marcher sans but. Bura, bura disent les
Japonais.
Bonne lecture.
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