La cinquième femme

Henning Mankell

Points

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    30 juillet 2021

    Pour lire les enquêtes de Wallander, il faut être en bonne santé mentale, pas trop déprimé et prêt à encaisser, car on est loin d'une comédie policière. Particulièrement ce sixième tome, très noir, autant dans la série de meurtres et le contexte dans lesquels elle survient que dans la vie de Kurt, qui, la cinquantaine approchant, se pose pas mal de questions.

    Pour moi, cette série reste ce que l'on fait de mieux dans le genre policier qui raconte également la société. Henning Mankell parle de la Suède, de son évolution et plus globalement de toute la société qui tend vers l'individualisme, la consommation sans penser aux conséquences. Lisant cela en 2021, je pourrais me dire que c'est facile à dire, sauf que Mankell a écrit ce livre en 1996, et moi de me dire qu'il a bien flairé l'évolution : haine du flic, haine de l'étranger coupable de tous les maux, individualisme, œil pour œil, changement de la violence qui s'exacerbe, des comportements inadaptés qui augmentent... C'est cela que j'aime bien dans les polars avec Kurt Wallander, c'est que l'écrivain scrute la société dans laquelle il vit, les hommes qui l'habitent ; ses personnages ne sont pas des héros, ils sont humains, fragiles et forts, en proie aux doutes, aux peurs.

    Et si l'on ne s'intéresse qu'à l'intrigue -bon, d'abord ce serait une grosse erreur- mais ensuite, ce n'est pas un problème, car Henning Mankell montre le travail harassant, fastidieux et parfois peu payant des flics pour trouver un indice, un fil à tirer qui les mènera vers la solution ou vers une fausse piste. Sans doute encore davantage que dans les autres enquêtes, Kurt Wallander et son équipe piétinent, ne savent pas par quel bout commencer. Il leur faudra de la patience, du travail et un poil de l'intuition de Kurt Wallander pour trouver enfin la bonne voie, mais jusqu'au bout, le doute est permis. Presque 600 pages qui passent à une vitesse folle, passionnantes.