Au printemps des monstres, Roman

Philippe Jaenada

Mialet Barrault

  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2021

    True Crime

    26 mai 1964, Luc Taron un petit garçon de 11 ans est retrouvé assassiné.

    Un homme a été arrêté et jugé coupable : Lucien Léger.
    On le sait, il a envoyé des lettres de chantage signées « L’Etrangleur N°1 » mais de quoi est-on réellement sûr en dehors de cela?

    Retour sur un crime sordide et sur la culpabilité ou non de celui que l’on a surnommé « le plus vieux détenu de France »

    Addictif et glaçant !


  • Conseillé par
    20 mai 2022

    années 60, enlèvement

    De l’affaire du petit Luc Taron, je n’avais jamais entendu parler.

    Dans ce livre, l’auteur se lance sur la piste du ou des réels assassins. Parce que le coupable emprisonné, même si il s’est auto-proclamé Etrangleur XXX, n’est pas le bon.

    Si j’avais apprécié les précédents ouvrages de l’auteur sur le même principe : on prend une affaire qui a défrayé la chronique, on explique pourquoi le coupable ets en prison, et puis on démonte point par point les pièces du dossier pour aboutir à un autre coupable. Si j’avais apprécié les précédents ouvrages de l’auteur, dis-je, je dois dire que j’ai fini par lire celui-ci en diagonale.

    Certes, c’est excitant de revenir sur les lieux. Mais 60 ans après, forcément, tout à changé.

    Les digressions de l’auteur à propos de sa santé m’ont moins intéressées, comme si je m’y étais habitué.

    J’ai toutefois apprécié de retrouver Modiano dans ce livre fleuve, car, comme l’auteur nobélisé, l’action se situe dans les années 60 avec des personnes interlopes au passé trouble.

    Mais, comme le cite l’auteur : « Dans Encre sympathique, en 2019, Modiano, l’éternel Modiano, se pose des questions, plus encore que d’habitude : « Si je continue à écrire ce livre, c’est uniquement dans l’espoir, peut-être chimérique, de trouver une réponse. Je me demande : faut-il vraiment trouver une réponse ?

    L’image que je retiendrai :

    Celle du sac matelot de l’auteur dont il ne se sépare jamais.


  • 3 octobre 2021

    Celui que l'on croit

    1964. Les Trente Glorieuses. Une France en plein développement économique. Et quelques lézardes déjà sur la façade. Tout n'est pas aussi aussi pailleté d'or et de lumière que l'on voudrait le croire aujourd'hui.
    1964. L'affaire de l'Etrangleur, un faits divers sordide, agite la France d'avant les réseaux sociaux. Un petit garçon, Luc, a été étranglé et un homme revendique le crime.
    1964. Les monstres sont parmi nous, mais nous ne le savons pas encore.
    Philippe Jaenada, le romancier fou du Cluedo, mène l'enquête. A fond, comme à l'accoutumée. Et raconte sa vie, souligne quelques faits très troublants sur l'affaire, donne son avis. Bref construit un roman-fleuve que le lecteur ne quitte pas avant de l'avoir terminé.


  • Conseillé par (Libraire)
    19 août 2021

    Bouleversant et éreintant

    C’est un des faits divers les plus insensés de la 2e moitié du 20ème siècle et pourtant il est passé peu à peu à la trappe de l’Histoire. Un garçon de 11 ans le petit Luc Taron est enlevé à Paris un soir de printemps 1964 après son retour de l’école. On retrouve son corps le lendemain dans une forêt de banlieue. Pendant plusieurs semaines un obsédé égotiste va adresser des messages sordides de revendication à toutes les formes de média. La légende de « L’Etrangleur », alors qu’aucun étranglement n’eut lieu, est en train de naitre. Un homme va être arrêté. Il s’appelle Lucien Léger, pose souvent avec un regard sardonique et deviendra le prisonnier français le plus longtemps reclus. Fin de l’histoire. C’est clair, net et précis. Circulez y’a rien à voir sauf si Philippe Jaenada décide un jour de replonger dans les documents de l’époque, de se rendre sur les lieux incriminés, de reprendre toute l’histoire depuis le début. Et tout devient alors complexe. Plus rien n’est clair, net et précis. C’est que la vie est faite d’illusions, d’a priori, de bassesses. Et les Hommes peuvent être parfois des monstres. Surtout au printemps.

    Avec la Petite Femelle consacrée à l’assassine Pauline Dubuisson, puis surtout avec La Serpe où près d’un siècle plus tard, il parvient à la manière d’un Cluedo à découvrir le véritable assassin de la famille Girard, Philippe Jaenada nous a habitué à son travail d’investigateur, qui ne se contente pas des images de façade. On se dit qu’avec son embonpoint, ses problèmes de santé dont il nous donne le détail avec humour, il va, laborieusement assis à son bureau comme un modeste fonctionnaire gratte-papier, creuser à nouveau toutes les archives possibles et renverser 80 ans plus tard l’histoire déjà écrite et classée. Et on a tort.

    Cette fois-ci au terme de ce pavé de 749 pages, on n’est certain que d’une seule chose: la multiplicité des monstres qui se rangent dans toutes les catégories sociales. Contrairement à La Serpe, l’auteur ne conclue pas son enquête avec une solution à lire à la dernière ligne de la dernière page. Petite frustration mais qu’importe. Comme toujours avec Jaenada, l’essentiel est ailleurs. Grands bourgeois et petits domestiques chez les Girard, on rentre cette fois ci dans un appartement de la classe populaire de ces années qui vont bientôt devenir les Trente Glorieuses. Cela sent l‘arrivée du frigidaire, l’achat de la prochaine voiture et les secrets dissimulés de chambre à coucher. Le fait divers raconte une époque, comme un miroir sociologique. Avec le meurtre du petit Luc ce sont les années du gaullisme qui ressurgissent, le fonctionnement des médias bien avant les chaines d’infos en continu.

    Pourquoi le nier, le lecteur prend plaisir à cette enquête fouillée comme dans un véritable polar avec ses suspects, ses fausses pistes, ses bons et ses méchants. Comme dans ses ouvrages précédents, Jaenada nous renverse à mi parcours. Une première partie où tout est clair. Et brusquement, avec un éclairage différent, on reprend depuis le début et tout se complique nous laissant en état d’apesanteur. On devient voyeur, curieux des maléfices de l’âme humaine et surtout on se prend à douter de l’amour d’un père, de la sainteté d’une mère, d’un sourire sur une photo. L’humour noir assumé permet même parfois de sourire, aide à se dire que l’imagination humaine n’a pas de limites sauf celle de l’écriture qui de parenthèses en parenthèses, elles mêmes à l’intérieur de parenthèses, vous incite à peu de condescendance envers les acteurs.

    Tous étant décédés, Jaenada peut se permettre de leur tailler de sacrés costards, comme ceux d’avocats de renommée nationale plus préoccupés de leurs états d’âme que de la vérité. Ou encore d’enquêteurs, qui ne retiennent comme dans le Pull Over Rouge de Ranucci que les éléments à charge. Justice, média (déjà), police, gendarmerie, opinion publique sont, par leur médiocrité, leur lâcheté, leur indifférence, les révélateurs d’une société qui aspire alors à la prospérité et à la joie de vivre. L’auteur montre une nouvelle fois que crier avec la meute, sans recul, dans l’immédiateté de l’horreur, est dangereux et malsain. Une vieille leçon à répéter sans cesse à l’ère des réseaux sociaux et de l’info spectacle en continu.

    Eric