Pour penser à celles qui ne sont plus auprès de nous, voici une balade poétique et mélancolique…au supermarché.

Après la maladie, vient le deuil. Panier de courses à la main, perdue entre les étalages, Michelle Zauner découvre qu'elle fait le sien au K-Mart, immense épicerie coréenne.
Ici, elle y retrouve les souvenirs des étés passés en Corée, sa mère disparue et toute la ferveur qu'elle mettait à cuisinier...

Lorsque faire ses courses devient un acte cathartique tout autant qu'un travail de mémoire à la recherche de son héritage culturel... Un livre qui se dévore avec émotion, tout en pudeur et en sentiments !

Est-ce qu’il a oublié, le compère Albert, ce qui arrive aux artistes et à leurs masques ? On ne manque pas d’histoires à ce sujet pourtant : des tragiques, des loufoques, des ennuyantes aussi… Peut-être est-ce pour cela qu’il n’y a pas prêté attention ?
Bah, qu’importe le masque tant qu’il y a l’histoire, pas vrai ? Et puis l’art, surtout l’art… Tant pis pour les éventuelles figures méphistophéliques que l’on croise ou ne croise pas, tant pis pour les injustices que l’on fait ou que l’on reçoit sous ce faux visage…

Tant pis !

Albert, son histoire, on ne veut plus la laisser se développer, exister. Pourquoi ? Il est comédien, il n’est pas vieux mais presque, ce qui est pire : quel rôle y a-t-il lorsque l’on est dans un entre deux ? Sa vie personnelle est un désastre également, c’est bien comme ça que ça s’appelle lorsque votre femme vous quitte, non ?

Allons, l’ami Albert, du nerf !

Tu vas bien avoir une idée géniale pour te tirer de là, pas vrai ? Enfin géniale, géniale… C’est vite dit. Créer un alter-ego, rien que ça ? Un nouveau nom, un visage autre grâce à la complicité d’un ami pro du maquillage et des effets spéciaux, et voici le nouvel Edmond Dantès des castings, prêt à ravir tous les rôles ! Changement d’identité ? Non pas vraiment. Double je(u) ? Absolument !
Comme le dit Rimbaud : Je est un autre, mais aucun tour de passe-passe n’est sans conséquences.

Par une voix qui lui est propre, Philippe Torreton nous fait suivre les déboires d’un homme prêt à tout pour réussir, y compris se perdre lui-même.

Ah les hommes !

( Bien sûr pas tous, certainement pas tous…)
(Mais il y en a quelques-uns d’indécrottables, quelques-uns d’irréductibles, quelques-uns qui sont sans espoir quand même…)

Ah les hommes !

Hé bien pour une fois, l‘homme est la proie :
ELLE les attend, ELLE les chasse, ELLE les piège. ELLE les note, et de cette note dépend leur survie.

(Parfois, ils se piègent eux-mêmes aussi, il faut dire…)

ELLE, comment en est-ELLE arrivé là ? Pourquoi ? Et lui, le flic au cœur malmené, peut-il vraiment être utile à quelque chose alors que les cadavres s’accumulent et que les médias frissonnent tout autant qu’ils se moquent ?

(Pourquoi prendre au sérieux une tueuse en série qui arrache le sexe de ses amants, après tout ? Ce serait juste une femme hystérique de plus…)

Furieux, cynique mais surtout à fleur de peau « La Fiancée de Personne » est un roman absolument inclassable qui, si le résumé arrache un sourire, promet avant tout une expérience de lecture entre passion et réflexion.

Sur l’île de Kekon, modernité et magie se côtoient. D’un côté la science : véhicules automobiles, postes de radio, appareils photos…
De l’autre, le jade, symbole de pouvoir pour qui le porte et le manipule : capable d’exacerber les sens et de donner des capacités surhumaines, la pierre précieuse est symbole de pouvoir. Tous ne peuvent porter le jade cependant, et il n’y a que celui de Kekon capable de changer autant le corps et l’esprit humain...Dans un monde en mouvement où l’île se doit d’exister et de survivre tout en gardant son indépendance face aux puissances étrangères, deux grandes familles, véritables clans mafieux, s’affrontent.
Mais, dans la guerre du jade, peut-il seulement y avoir un vainqueur?

Déstabilisant, hypnotique, un premier tome qui joue avec nos attentes pour nous plonger dans un monde que deux grandes familles essayent de modeler chacune à leur façon. Complots politiques, frères jurés, frères ennemis, voici les prémices non pas d’une guerre, mais bien d’une tragédie !

Un ordre ubuesque ? un dessein nazi incompréhensible ? Une demande déformée par le bouche-à-oreille ? Dans une fuite vers l’avant, le jeune soldat piémont Magetti se met en quête de retrouver l’unique source susceptible de l’aider à cartographier les chemins de fer du Mexique.
Traversé par des personnages transpirants la folie, le lyrisme, véritables poètes malgré eux, ce roman tend l’ironie et la poésie comme dernier rempart au désespoir que cette guerre déverse. C’est dans cette narration tentaculaire à la Toni Morrison, que Gian Marco Griffi évoque, avec philosophie, notre incapacité à anticiper la finalité de nos missions (et l’Histoire le prouve).
Si Magetti se demande sans cesse, exaspéré, au fil des pages : comment réaliser sa mission ? Se demandera-t-il une seule fois : pourquoi la réaliser ?

Une maîtrise des registres comiques jubilatoires, une richesse lexicale hors-du-commun, une aventure grisante qui laisse poindre l’espoir.